Cette guerre oppose l’armée du général Abdel Fattah Al-Burhan, qui a pris le pouvoir à la suite du coup d’Etat contre-révolutionnaire du 25 octobre 2021, et la milice des Forces de Soutien Rapides dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo (dit Hemedti). Ce groupe paramilitaire est issu des milices Janjawid, responsables du génocide au Darfour durant les années 2000, et dont plusieurs dirigeants sont aujourd’hui poursuivis par la Cour Pénale Internationale. Créée par le régime d’Omar El-Béshir pour pouvoir commettre des crimes de guerre au Darfour en toute impunité, elle a ensuite été intégrée à l’armée soudanaise, tout en conservant son autonomie. Elle a joué un rôle central dans la répression sanglante de la révolution de décembre 2018, et a perpétré le massacre des manifestant.es du sit-in sur la place d’Al Qyiada à Khartoum en avril 2019. Les Forces de Soutien Rapide se sont enrichies grâce au trafic illicite de l'or, soutenu par les Émirats arabes unis qui ont fourni une plate-forme commerciale et un refuge pour l’or exporté illégalement du Soudan. Ces ressources, ajoutées à leur rôle de mercenaires dans la guerre du Yémen, ont permis à la milice de se renforcer économiquement et militairement, au point que son chef Hemedti a nourri l’ambition de s’emparer du pouvoir. Pendant deux ans, les miliciens des Forces de Soutien Rapide ont pris d’assaut le pays, incendiant des villages, assiégeant des villes, affamant leurs habitant.es, et utilisant le viol comme arme de guerre. Leur objectif : terroriser et chasser la population, provoquer des déplacements massifs pour prendre la terre et piller les villes. Après avoir pris Khartoum et progressé dans de vastes régions, ils ont récemment été repoussés par l’armée, ne contrôlant plus aujourd’hui que la région du Darfour. La ville d’El Fasher était la dernière grande ville du Darfour qui échappait à leur domination. Ses habitant.es ont résisté à la fois par les armes et par des initiatives civiles, comme les cantines solidaires et les salles d’urgence. Depuis un an et demi, les Forces de Soutien Rapide assiègent la ville, et la faim est utilisée comme arme de guerre contre la population. Depuis des mois, les habitant.es meurent de la faim, de la soif et du choléra, et des appels à l’aide insoutenables nous parviennent depuis la ville assiégée. Les habitant.es ont été complètement abandonnées de la communauté internationale et gouvernement soudanais, qui n’a fait parvenir aucune aide humanitaire à la population ni aucune aide militaire pour aider la résistance armée à El Fasher. Lundi 27 octobre, les miliciens des Forces de Soutien Rapide ont pris d’assaut la ville et ont commis des massacres qui s’apparentent à un nettoyage ethnique, comme ceux qui ont été commis à El Geneina et dans d’autres villes du Darfour. Des civils ont été exécutés sommairement ; plus de 3000 personnes auraient été tuées en trois jours. Nous avons vu des vidéos de civil.es fusillé.es ou pendu.es pour avoir acheminé de la nourriture dans la ville. Des dizaines de milliers d’habitant.es ont fui vers les camps de déplacé.es de Tawila. La milice a pris pour cible les médecins, les travailleur.euses humanitaires et les journalistes pour empêcher toute documentation de leurs crimes. Contrairement à ce que laissent entendre certains médias occidentaux, il ne s’agit pas d’une « guerre civile » entre tribus, mais d’un génocide planifié, exécuté par une milice soutenue par des puissances étrangères. Les Forces de Soutien Rapide sont composées de mercenaires soudanais, tchadiens, libyens, ukrainiens, sud-soudanais, nigériens et éthiopiens, financés et armés principalement par les Émirats arabes unis, mais aussi par d’autres puissances européennes et asiatiques défendant leurs intérêts au Soudan depuis le début de la guerre. Les méthodes utilisées par les Forces de Soutien Rapide – pillage, déplacement forcé de la population, massacres, accaparement des terres – permettent aux Emirats d'imposer leur contrôle sur les ressources du Darfour, une région riche en or, pétrole, minerais, terres agricoles et gomme arabique, cette dernière étant acheminée via le Tchad vers la France, où elle est transformée et utilisée dans de nombreux produits de consommation. Le Soudan est devenu le terrain d’une guerre néocoloniale par procuration entre de nombreux pays étrangers : entre la Russie et l’Ukraine, entre l’Egypte et l’Ethiopie, sans oublier le rôle d’Israël, qui instrumentalise le Soudan dans sa propagande contre la résistance palestinienne.
Nous, collectifs et associations issus de la diaspora soudanaise, affirmons que cette guerre n’est pas une guerre civile, mais une guerre impérialiste et contre-révolutionnaire visant à étouffer les aspirations du peuple soudanais à la liberté, à la démocratie et à la souveraineté sur ses ressources. Nous dénonçons : - Le rôle central des Emirats Arabes Unis dans le génocide en cours à El Fasher - La complicité du gouvernement d’Al Burhan qui a abandonné les habitants du Darfour, poursuivant ainsi la politique de marginalisation des périphéries par l’Etat central soudanais. - La complicité de la communauté internationale, notamment de l’Union Européenne, qui a indirectement financé les Forces de Soutien Rapide dans le cadre du "processus de Khartoum" en 2014, sous prétexte de contrôle migratoire, consolidant ainsi la milice ; - La complicité de la France, grand partenaire commercial des Emirats Arabes Unis, avec un volume d'échange atteignant 8,5 milliards d'euros en 2024, et dont les Emirats sont le premier acheteur d’armes (plus de 21 millions d'euros de vente entre 2014 et 2023). - La responsabilité des entreprises françaises de l’armement telles que Lacroix et KNDS, dont des composants ont été retrouvées dans les armes utilisées par les Forces de Soutien Rapide au Darfour. - Le silence complice des médias occidentaux, y compris des médias de gauche, qui ont systématiquement invisibilisé les crimes commis au Soudan depuis avril 2023, alors qu'il s'agit de la principale crise humanitaire et de la plus grande crise de déplacé.es au monde.
Nous appelons la communauté internationale à faire parvenir de toute urgence une aide humanitaire à la hauteur de la crise au Darfour et dans tout le Soudan et à classer les Forces de Soutien Rapide comme organisation terroriste, ce qui aura pour effet d’empêcher le financement de leurs activités et de rendre illégal tout soutien matériel à cette milice. Nous appelons les gouvernements internationaux à poursuivre, arrêter et juger pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité les dirigeants des FSR qui se trouvent sur leur territoire Nous appelons le gouvernement français à mettre en place des sanctions économiques immédiates contre les Emirats Arabes Unis, en commençant par suspendre les partenariats économiques et en particulier la vente d’armes Nous appelons les journalistes, les artistes, les personnalités publiques et les partis politiques : à briser le blocus médiatique sur le Soudan et à visibiliser de toute urgence les massacres à El Fasher Nous encourageons les citoyen.nes à faire des dons aux initiatives de solidarité locale, notamment les cantines solidaires, les cliniques autogérées et les salles d’intervention d’urgence.
Nous réaffirmons notre soutien total aux collectifs des « salles d’urgence » et aux comités de résistance qui poursuivent chaque jour leur lutte pour la liberté et la dignité, jusqu’à l’instauration d’un pouvoir civil démocratique, conforme à la volonté du peuple soudanais, dans la continuité de la révolution de décembre 2018 et des révolutions d’octobre 1964 et d’avril 1985. De Gaza à El Fasher en passant par la RDC, face à la violence des guerres néocoloniales et à l’abandon et la complicité de la communauté internationale, il ne reste plus que la solidarité entre les peuples. Stop aux génocides ! Solidarité avec la population d'El Fasher ! Liberté, paix et justice au Soudan !
Rassemblons-nous samedi 1er novembre à 15h place de la Bastille , pour dénoncer le massacre à El-Fasher
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre dévastatrice qui a ravagé le pays et ensanglanté ses terres, prolongeant des décennies de conflits et de massacres dans de nombreuses régions, notamment au Darfour, au Soudan du Sud et au Kordofan.
Equipe
Article réalisé collectivement par les membres de Sudfa Media.
Evenements
29/10/2025, 
 par  Equipe
Projection-débat du film Jusqu’au bout – 19 novembre à 18h30 au CICP (Paris 11e)
29/10/2025, par Equipe
Dans le cadre d’une soirée de solidarité avec le peuple soudanais, notre film Jusqu’au bout, qui retrace l’histoire des mobilisations au Soudan, sera projeté au Centre international de culture populaire (CICP) à Paris. La projection sera suivie d’un débat autour du film et de la situation actuelle au Soudan, en présence des réalisateurs, qui échangeront avec le public. Créé en 1976, le CICP est né d’une volonté politique de mettre des moyens matériels et humains à disposition des associations engagées dans les luttes de libération nationale, la défense des droits humains et la solidarité avec les travailleurs immigrés. Nous sommes heureux d’organiser cette projection dans ce lieu emblématique, porteur d’une longue histoire de solidarité internationale et de soutien aux peuples opprimés. 📅 Date : 19 novembre à 18h30
28/10/2025, 
 par  Equipe
Rassemblons-nous samedi 1er novembre à 15h place de la Bastille , pour dénoncer le massacre à El-Fasher
28/10/2025, par Equipe
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre dévastatrice qui a ravagé le pays et ensanglanté ses terres, prolongeant des décennies de conflits et de massacres dans de nombreuses régions, notamment au Darfour, au Soudan du Sud et au Kordofan.
22/10/2025, 
 par  Equipe
Projection et discussion – En solidarité avec le Soudan - 13 novembre à Grrrnd Zero Lyon – Vaulx-en-Velin
22/10/2025, par Equipe
Dans le cadre d’une soirée de solidarité avec le peuple soudanais, Grrrnd Zero organise le 13 novembre un événement spécial autour du film jusqu’au bout, qui retrace l’histoire des mobilisations au Soudan. La projection sera suivie d’un débat sur le film et sur la situation actuelle au Soudan, en présence des réalisateurs, qui échangeront avec le public.
21/10/2025, 
 par  Equipe
SUDFA invitée à l'universités du Panafricanisme 2025 à Paris les 8 et 9 novembre
21/10/2025, par Equipe
SUDFA a été invité par la Ligue Panafricaine – UMOJA à participer à l'universités du Panafricanisme, qui se tiendront les 8 et 9 novembre 2025 à Paris. À cette occasion, un moment sera consacré au Soudan, comme pour d’autres pays, afin de mieux comprendre l’esprit révolutionnaire soudanais ainsi que la guerre qui ravage le pays depuis plus de deux ans. Cette rencontre a pour objectif de renforcer la solidarité africaine et de favoriser une meilleure compréhension des enjeux du continent à travers la voix et l’engagement de la diaspora africaine.
18/10/2025, 
 par  Equipe
Le 28 octobre — Projection de Jusqu’au bout "Giddam" à l’Institut français d’Égypte
18/10/2025, par Equipe
Le 28 octobre 2025, dans le cadre des Rencontres cinématographiques franco-soudanaises – Le cinéma soudanais en exil : Création et Résilience –, notre film Jusqu’au bout (Giddam) sera projeté à l’Institut français du Caire. À cette occasion, Hamad GAMAL, membre de Sudfa Media, participera à une table ronde intitulée « La création à l’épreuve de l’exil : opportunités et défis de la création en exil », aux côtés d’autres intervenants. Un rendez-vous pour célébrer la force, la créativité et la résilience du cinéma soudanais en exil.
18/10/2025, 
 par  Equipe
Sudfa présent pour la projection-débat : The Jungo Life
18/10/2025, par Equipe
Sudfa participera à une discussion à l’issue de la projection du film documentaire The Jungo Life, une œuvre poignante qui nous plonge au cœur du quotidien de jeunes réfugiés et demandeurs d’asile originaires du Soudan et du Soudan du Sud, vivant dans la rue au Maroc. Contraints de fuir la violence et l’instabilité en Libye, ces jeunes se retrouvent bloqués, incapables de rentrer chez eux en raison des conflits qui ravagent encore leurs pays. Réalisé en étroite collaboration avec les réfugiés eux-mêmes et entièrement filmé au téléphone portable, ce documentaire offre un regard rare, intime et profondément humain sur leur vie et leurs luttes.